La Fédération des Québécois de souche n’est pas le premier organisme à s’inquiéter de l’immigration de masse et de son impact. Déjà, en 1928, le député Maxime Raymond levait le drapeau et sonnait l’alarme. En opposition à la trahison de la promesse d’Ottawa de ne pas imposer la conscription, les Canadiens français s’y opposant majoritairement, il participa à la fondation du Bloc populaire canadien, après avoir quitté le parti Libéral. Son cri d’alarme ne fut pas entendu, et il dut le réitérer en 1942, dans le programme du Bloc populaire.
Aujourd’hui, près de 100 ans après son premier appel, il reste autant d’actualité. Les seuils en immigration ne sont toujours pas dressés selon les besoins réels, mais pour des raisons idéologiques, comme Justin Trudeau le confirme année après année. Cela démontre que le peuple canadien-français n’eut point besoin d’attendre les mises en garde d’Enoch Powell, de feu Jean Raspail ou de Renaud Camus pour comprendre le danger potentiel d’une immigration massive. Et cela nous démontre aussi que depuis un siècle, il est trahi par des politiciens dont la perfidie de la conscription ne représente qu’un épisode parmi tant d’autres.
Dès 1928, observant les suites du premier après-guerre, je faisais remarquer au Parlement qu’au point de vue de la naissance et du développement d’un authentique sentiment canadien, « le peuplement du Canada par une immigration trop intense n’est pas à désirer. Il faut tenir une certaine proportion entre l’accroissement par la natalité et l’accroissement par l’immigration : il faut donner le temps d’assimiler les nouveaux éléments ». Il est trop clair que l’invasion soudaine de notre pays, au lendemain du conflit, par un nombre massif d’immigrants (surtout si ces immigrants viennent la plupart d’un même pays et contribuent à resserrer des liens sentimentaux dont l’intérêt national exige le relâchement), il est trop clair que cet afflux subit de population étrangère menacerait dangereusement notre évolution naturelle vers l’état de nation libre.
Des plans sont actuellement préparés pour rendre possible, dès l’après-guerre, une immigration qui ne tient pas compte de nos besoins. Des propagandistes, des journaux impérialistes en parlent ouvertement. Certains laissent entendre que le vrai motif de cette campagne d’immigration, c’est de pallier à l’importance numérique croissante des Canadiens français, en important ici du « stock » solidement britannique.
Nous nous opposons à ces vastes entreprises qui serviraient assurément de grosses compagnies et des esprits rétrogrades, mais compromettraient l’avenir du Canada.
Notre politique d’immigration doit être celle que commande l’intérêt du pays. Cet intérêt réclame beaucoup de prudence et de circonspection.
(…)
J’emprunterai ma conclusion sur ce chapitre à mon discours du 6 mars 1928 aux Communes : « Que notre politique d’immigration soit donc essentiellement canadienne, fondée sur les seuls besoins et les seuls intérêts du Canada, et de nul autre pays, quel qu’il soit. Qu’elle ne risque pas de faire de notre pays le dépotoir de l’univers, en ouvrant trop grandes les portes. »
Raymond, Maxime. « Programme du Bloc populaire canadien ». 1942, p. 7.
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